Après le vaccin contre la Covid, qu'en est-il du vaccin contre la grippe ?
Dr Pierre Olivier Lang, spécialiste FMH en Médecine interne, préventive et Santé Publique à la Clinique de Genolier répond aux questions de Untoday.
Octobre est le moment propice pour la vaccination contre la grippe. Doit-on se faire vacciner si on a déjà été vacciné contre la Covid ? Qu'en est-il de ceux qui n'auront pas été vaccinés d'ici là ?
La grippe et la COVID-19 provoquent des maladies respiratoires contagieuses, mais il existe des différences importantes entre les deux virus et leur mode de propagation. La COVID-19 est causée par une infection avec un nouveau coronavirus (appelé SARS-CoV-2) et la grippe est causée par une infection avec des virus grippaux. La COVID-19 et les infections grippales présentent un large éventail de maladies allant de l'absence de symptômes (asymptomatique) à une maladie grave et à la mort. Les deux infections sont transmises par contact, gouttelettes et vecteurs passifs.
En revanche, les antiviraux et le vaccin disponible contre la grippe n'ont aucun impact sur la COVID-19 et vice versa. Ainsi, quel que soit le statut de la personne vis-à-vis de la vaccination Covid, il est toujours fortement recommandé de se faire vacciner contre la grippe chaque année afin de prévenir l'infection grippale.
À mesure que la vaccination contre le SRAS-CoV2 augmentera, les barrières de contact tomberont et créeront des opportunités de propagation des virus de la grippe. Le vaccin contre la grippe n'est pas du tout efficace contre le virus COVID-19.
Pensez-vous que la vaccination contre la grippe devrait être obligatoire?
Il n'y a aucun pays au monde où la vaccination contre la grippe est actuellement obligatoire. Les politiques de vaccination se sont développées au cours des deux derniers siècles qui se sont écoulés depuis l'invention de la vaccination dans le but d'éradiquer la maladie ou de créer une immunité collective pour la population que le gouvernement vise à protéger.
Les comités consultatifs sur la vaccination au sein de chaque pays sont généralement chargés de fournir des informations qui sont utilisées pour prendre des décisions fondées sur des preuves concernant la vaccination et les politiques d'immunisation. Les vaccinations sont habituellement volontaires car les politiques de vaccination obligatoire conduisent en général à une opposition, ce qui à son tour limite l'effet de ces politiques.
La pandémie actuelle et les décennies d'expérience concernant les vaccins contre la grippe sont très illustratives de ce paradoxe. Au niveau de la population générale, plus vous fournissez des informations scientifiques solides et de qualité et prenez des décisions fondées sur des preuves pour intensifier le taux de couverture vaccinale grâce à des politiques de vaccination, plus vous stimulez la réticence à se faire vacciner, même parmi des populations très concernées telles que les professionnels de la santé. À mon avis, ce n'est ni un manquement à l'éthique ni un mauvais service aux populations et aux patients vulnérables que de soutenir que la vaccination contre la grippe doit rester une décision personnelle fondée sur un consentement éclairé.
Le développement des vaccins contre la Covid a entraîné une implication accrue d'une grande partie de la société dans les processus de développement de la science. Comment cela affecte-t-il la relation médecin-patient?
Il est vrai que cela a conduit certains patients à se tourner vers des scientifiques de renom, des professeurs de médecine, des spécialistes des maladies infectieuses et/ou des décideurs politiques, et a également contribué à rendre les patients plus informés et préoccupés par la grande complexité de la prise de décisions dans le domaine médical. Certains patients deviennent de plus en plus proactifs dans leurs attitudes envers leur propre santé, d'autres sont désormais plus en mesure de participer activement aux décisions médicales qui les concernent, mais presque tous sont reconnaissants envers ce que les scientifiques, les professionnels de la santé et les décideurs ont fait pour lutter contre la pandémie. Cela a augmenté les compétences et les connaissances des patients, mais les fausses nouvelles (y compris celles colportées par des scientifiques et des politiciens de renom) circulent six fois plus rapidement que les vraies nouvelles et ont contribué à brouiller leur compréhension de la pandémie.
Traduction de l'article paru dans UNtoday de Julián Ginzo