Et si on passait l'hiver sans se blesser.
Rencontre avec le Dr. Roland Gardon, spécialiste en Orthopédie et traumatologie à la Clinique de Genolier, pour parler de prévention des accidents liés aux sports d’hiver.
Quels sont les accidents les plus fréquents ?
Férus de sports de glisse, comme le snowboard, la luge et le ski, quelque trois millions de suisses se précipitent chaque année sur les pistes. Une passion qui n’est pas sans conséquences : 70 000 accidents par an, soit un coût annuel de plus de 300 millions de francs. Des coûts en augmentation constante. Presque un tiers des accidents concerne le genou, dont la très fréquente rupture du ligament croisé antérieur. Dans les années 70 et 80, les lattes des skis étaient beaucoup plus longues et n’avaient pas de fixation solide. Du coup, il y avait plus d´accidents au niveau de la cheville ou de la jambe. Avec l’évolution du matériel, les chevilles sont mieux protégées, mais les torsions s’exercent sur le genou ; ce qui peut entraîner des ruptures ligamentaires, même lors d’une chute banale.
Qui sont les personnes qui subissent ces accidents ?
Tous les âges sont concernés. Selon les statistiques, plus de 90% des accidents seraient dus à une faute de l’assuré. Ils pourraient donc être évités. Ces accidents sont surtout dus à :
• Un manque de conscience de la prise de risque
• Une vitesse excessive
• Un manque de condition physique
• Un manque de maîtrise technique
• Du matériel mal réglé, par exemple les fixations des skis
• Se préparer physiquement avant l’hiver
• Contrôler et bien régler son matériel
• Connaître ses limites techniques
• Limiter sa vitesse pour garder le contrôle
La rupture du ligament croisé antérieur est une blessure grave qui a des conséquences immédiates sur la stabilité du genou mais aussi à long terme. Ce type de pathologie peut notamment provoquer une arthrose du genou. La prévention est donc primordiale.
Quelles sont les avancées médicales et technologiques dans la prise en charge des patients ?
Rien de révolutionnaire. Ce qui change c’est que les patients sont simultanément traités sur le plan global et personnel. Nous sommes en mesure de proposer un traitement à la carte à partir d’une approche multimodale. C’est un travail d´équipe, ce qui change la donne par rapport au passé. Tout au long de la prise en charge médicale, le patient est suivi par un chirurgien, un médecin du sport, un physiothérapeute et d’autres professionnels du secteur paramédical. L’avantage à la Clinique de Genolier, c’est que tous ces métiers sont sur place et communiquent en continu.
A titre d’exemple, lors d’une rupture du ligament croisé antérieur, la décision d’une prise en charge conservatrice ou chirurgicale se fait “à la carte’’ et dépend de plusieurs facteurs, comme la demande fonctionnelle du patient. Quand on décide d’opérer, on utilise la technique de reconstruction ligamentaire minimale-invasive par arthroscopie. Il est important de s’occuper également des lésions associées cartilagineuses et méniscales afin de retarder l’arrivée de l’arthrose. Dans la mesure du possible, nous commençons la rééducation du genou dès la phase préopératoire : un genou rééduqué, non douloureux avec une bonne mobilité, évoluera beaucoup mieux après l’opération. Le suivi postopératoire a également changé : on évite le plus possible d’immobiliser le patient. On privilégie une mobilisation précoce. Le patient remarche rapidement en s’aidant de cannes. La reprise du sport se fait progressivement sur la base de données objectives à partir d’une batterie des tests sur le retour au sport.