Retour sur l’UTMJ : l’ultra-trail de 175 km et 7500 m de dénivelé avec Johann !
Après avoir terminé l’UTMB en 2022, Johann Vaillant, technicien en radiothérapie, s’est lancé un nouveau défi : l’UTMJ. Malheureusement, en 2023, il n’avait pas pu terminer cette course exigeante. Cette année, il a pris sa revanche et nous partage son expérience dans cette interview inspirante.
Qu’est-ce que l’UTMJ ? Quelle est la différence avec l’UTMB ?
L’Ultra Trail des Montagnes du Jura (UTMJ) est une course de 175 km avec 7500 m de dénivelé positif, traversant trois départements et deux régions de deux pays, la Suisse et la France. Les coureurs disposent de 51 heures pour terminer la course.
Comparé à l’UTMB, l’UTMJ offre un dénivelé légèrement inférieur mais reste tout aussi impressionnant. Cette course exige de nombreuses « relances », c’est-à-dire que les participants enchaînent montées (plus ou moins longues), portions plates et descentes techniques à répétition. Cela implique de courir presque en permanence, rendant l’épreuve particulièrement exigeante. L’UTMB, en revanche, propose de longues montées et descentes, des aspects que je maîtrise mieux, bien que toujours complexes.
Pourquoi as-tu voulu refaire l’UTMJ ?
J’ai participé à l’UTMJ en 2023, mais j’ai malheureusement abandonné au 90ᵉ km après 14 heures d’effort. Je n’arrivais plus à m’alimenter correctement, et j’avais de mauvaises sensations dès le départ. Il m’a fallu près de 30 km pour me sentir mieux, mais cela n’a pas duré.
J’ai commencé à broyer du noir, je trébuchais dans les descentes, et cela devenait presque dangereux pour moi. J’ai donc pris la décision d’abandonner.
Malgré les félicitations de mon entourage pour avoir parcouru 90 km avec 4000 m de dénivelé, j’étais déçu, triste et en colère de ne pas avoir surmonté cette épreuve. J’avais signé pour 175 km et je ne pouvais pas m’en satisfaire. C’est pourquoi j’ai immédiatement noté la date de l’UTMJ 2024 dans mon calendrier pour prendre ma revanche !
As-tu modifié ton entraînement pour cette édition 2024 ? Qu’as-tu fait différemment ?
J’ai ajusté mon entraînement en fonction de l’analyse que j’ai faite de l’édition 2023 afin d'être mieux préparé aux spécificités du parcours de l’UTMJ.
J’ai passé de longues heures en montagne pour travailler montées et descentes, de jour comme de nuit. Mais j’ai surtout effectué un travail spécifique de vitesse sur des surfaces plates pour pouvoir relancer sur ces portions.
Ce travail a été réalisé en allant au travail, puis je l’enchaînais avec de longues sorties en montagne le week-end (35 à 45 km) pour augmenter le volume d’entraînement. J’ai également veillé à mieux dormir, car la récupération est une part essentielle de l’entraînement.
L’expérience de 2023 m’a poussé à aborder cette édition 2024 avec une préparation mentale et une organisation différente. Après avoir terminé le travail la veille de la course, je suis allé à l’hôtel pour me concentrer et rester dans ma bulle.
Le matin de la course, mon amie, qui m’assistait aux points de ravitaillement, m’a rejoint. Je lui ai transmis les consignes et nous sommes partis ensemble vers la ligne de départ.
Ton objectif avant de partir ? Finir la course ?
Avant chaque course, mon objectif est de prendre du plaisir. Pour cette édition de l’UTMJ, mon principal souhait était d’aller au bout en donnant le maximum.
J’ai eu la chance d’être accompagné par une assistante aux petits soins, qui a su me remotiver lors des moments difficiles.
Pendant la course, as-tu modifié quelque chose pour pouvoir arriver à la fin ?
Lors de cette édition, je n’ai rien changé à ma gestion de l’effort par rapport aux autres courses. La grande différence a été la présence de mon amie en tant qu’assistante. Elle savait exactement ce qu’il fallait préparer pour répondre à mes besoins.
Une autre adaptation majeure a été de segmenter le parcours dans ma tête. Mon amie m’indiquait uniquement la distance, le dénivelé et la technicité jusqu’au prochain ravitaillement. Même si je connaissais le parcours par cœur, je préférais avancer pas à pas, ce qui m’a bien aidé.
Au kilomètre 130, alors que la fatigue et le sommeil commençaient à peser, elle m’a dit sur un ton humoristique : « Allez, plus que 45 km et c’est fini ! ». Cette phrase m’a fait rire et m’a redonné de l’énergie.
Je pense que savoir garder de l’humour dans la difficulté aide à rester positif et à se surpasser.
Quel a été le résultat final ?
J’ai terminé la course en 30 heures, 48 minutes et 19 secondes, me classant 54ᵉ au classement général et 15ᵉ dans ma catégorie d’âge.
J’ai pris énormément de plaisir tout en gérant bien mes efforts et les moments difficiles. J’étais, bien sûr, épuisé à la fin, mais heureux d’avoir tout donné et atteint mon objectif.
Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaitent faire ce type d’Ultra-Trail ?
Premièrement, il faut y aller étape par étape. Ne commencez pas directement par un 175 km : débutez avec des formats plus courts et augmentez progressivement la distance.
Il est crucial de bien connaître son corps, d’être prêt physiquement et mentalement, car de nombreux imprévus peuvent survenir (météo, altitude, fatigue, etc.).
Savoir courir de nuit est également essentiel. La nuit, les sensations changent, la visibilité est réduite, et les températures sont plus basses.
Deuxièmement, maîtrisez votre matériel. Ne partez pas avec des vêtements ou des chaussures neufs. Tout doit être testé lors des entraînements, y compris votre alimentation. Tester une nouvelle barre énergétique le jour J pourrait compromettre votre course.
Petite anecdote : après le ravitaillement du 90ᵉ km, j’ai demandé à mon assistante d’apporter ma seconde lampe frontale au ravitaillement suivant, car la mienne montrait des signes de faiblesse. En montée, ma lampe s’est rapidement mise en réserve, réduisant fortement la luminosité. Cela a augmenté le risque de chute et ma fatigue. Heureusement, ma seconde lampe m’attendait au ravitaillement suivant, sinon c’était fini !
Enfin, le conseil le plus important : prenez du PLAISIR.
As-tu des projets pour 2025 ?
En 2025, je vais probablement m’inscrire au tirage au sort de l’UTMB, pour lequel je suis éligible. Comme je le dis souvent à mes proches, j’aime me challenger avec des formats exigeants. Mon principal projet serait de courir la Diagonale des Fous à la Réunion (175 km et 10000 m de dénivelé positif). Cette course, réputée pour être l’une des plus dures au monde, interdit les bâtons et combine des températures variant de 0 à 40 degrés avec un taux d’humidité élevé.
Avec mon collègue Kilian Guenichot (infirmier à la Clinique Générale-Beaulieu), nous avons aussi quelques projets en tête que j’espère concrétiser prochainement.