Le 4 mars, c'était la journée mondiale de l'Obésité. À cette occasion, nous consacrons le mois de mars à mieux comprendre cette maladie. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Maya Gianadda, responsable du Service diététique, et à Dre Raffaela Morard Passera du Centre Obésité Valère : métabolisme et chirurgie.
Dans notre premier article, elle nous expliquaient ce qu'est réellement l'obésité, ainsi que ses conséquences sur la santé. Aujourd'hui, elles reviennennt pour décrypter les différentes prises en charge, en comparant notamment médicaments et chirurgie. Si vous avez manqué notre première interview, retrouvez-là ci-dessous. Bonne lecture !
Maya Gianadda : En fait, les régimes trop stricts de type restrictifs provoquent souvent des carences non contrôlées et de la frustration. Lors de la reprise d’une alimentation normale, on assiste à une reprise de poids qui souvent est supérieure à celui qui a précédé le régime restrictif. Le corps, même obèse, privé de nutriments ralenti « paradoxalement « son métabolisme pour refaire des réserves.
On assiste ainsi à un « effet yoyo » qui aboutit à une augmentation dans la durée du poids. On constate finalement que le régime restrictif est un bon moyen de prendre du poids. Pendant de nombreuses années les thérapeutes n’étaient pas au courant de ce fait. Les industriels qui vendent les régimes continuent à l’ignorer, mais pour leur plus grand intérêt.
Une approche comportementale qui vise à manger équilibré sans privation et sans provoquer de la culpabilité, en se concentrant sur une amélioration des habitudes sur le long terme doit être privilégiée.
Dre Raffaela Morard Passera : Le meilleur traitement au long terme pour obtenir une réadaptation de la régulation de la faim est de bénéficier d’une intervention chirurgicale métabolique. Les interventions le plus souvent effectuées en Suisse de type by-pass gastro-duodénal et sleeve gastrectomies sont réservées à des indices de masse corporelle >35kg/m2 avec une ou plusieurs co-morbidités. Il s’agit d’actes chirurgicaux qui touchent à l’anatomie du tube digestif permettant une autorégulation sur le long terme. Les patients perdent alors du poids sans avoir faim. Durant cette période, le patient est en capacité de ré-apprendre à manger sainement. Ces effets bénéfiques résultent d’une régulation des hormones du tube digestif qui commandent la faim et la satiété. Ces mêmes hormones favorisent la régulation du sucre dans le sang. Les interventions chirurgicales pour traiter l’obésité sont donc également efficaces pour traiter et obtenir des rémissions du diabète de type 2. La chirurgie de l’obésité est pour l’heure le moyen le plus efficace pour obtenir une perte de poids importante et durable.
Dre Raffaela Morard Passera : Les nouveaux médicaments agissent sur les mêmes récepteurs cellulaires que les hormones qui sont modulées par la chirurgie de l’obésité. L’effet est donc similaire en permettant une régulation de la satiété et de la faim. Ces médicaments de type analogue des récepteurs du GLP-1 doivent être injectés de façon hebdomadaire.
Dre Raffaela Morard Passera : Ce choix doit clairement être adapté aux désirs et aux situations très différentes de chaque patient. L’expérience d’une équipe interdisciplinaire doit favoriser le bon chemin. L’obésité étant une maladie chronique, une approche séquentielle est de plus en plus considérée. En d’autres termes, il est probable qu’une grande proportion des patients obèses, dans leur parcours de vie, auront bénéficié à terme de ces deux options thérapeutiques. Plus important est de rappeler ici, que ces deux options thérapeutiques doivent s’associer à une approche diétético-comportementale sur la durée. La perte de poids durable ne saurait être obtenue sans changement de certaines habitudes contraires aux recommandations.
Si la chirurgie permet une régulation sur le long terme, les médicaments conduisent à une reprise de poids à leur arrêt.
Maya Gianadda : En Suisse, des centres de compétences réunissent les spécialistes nécessaires à une approche interdisciplinaire de l’obésité. Une coordination est effectuée par la société SMOB (Swiss Society for the Study of Morbid Obesity and Metabolic Disorders) qui jouent un rôle d’intermédiaires entre les autorités et les thérapeutes.
En Valais, le Centre de la Clinique de Valère fête en cette année 2025 ses 15 ans d’existence. Durant cette période, nous avons pris en charge plus de 1'000 patients. 800 d’entre eux ont bénéficié d’une chirurgie de l’obésité avec ces dernières années l’introduction de la chirurgie robotique. Quelques 200 patients ont bénéficié du traitement médicamenteux. Cette prise en charge par les analogues du GLP-1 s’est accélérée ces 2 dernière années particulièrement avec l’arrivée sur le marché du sémaglutide. Nous insistons particulièrement sur la nécessité d’un suivi régulier à long terme de nos patients.